Accueil > Nos Actions > Journal de Bord des Opérations > Vacances Scientifiques > Ski et Cristaux de Neige du 10 au 17 Février 2018
Introduction
Nous attendons Eileen et Antonin pour découvrir les pistes de St-Luc/Chandolin et découvrir ce qui se trame derrière ce monde tout blanc.
Le Journal de Bord
Samedi 10 février 2018
Tout le monde est bien arrivé à l’hôtel du Cervin, mais plus tard que prévu car il a fallu attendre longtemps le bus. Du coup, nous avons juste eu le temps d’installer nos affaires dans nos chambres, puis nous sommes allés manger à l’épicerie fine “Marie et délices”, et effectivement ce fut un délice.
Après quoi nous sommes allés nous installer dans le petit salon commun qui relie nos trois chambres : nous avons en fait carrément un petit appartement pour nous, à l’intérieur de l’hôtel ! Nous avons réalisé un grand et beau poster artistique avec l’emploi du temps de la semaine puis nous avons choisi ensemble les règles de vie. A l’unanimité, nous avons ensuite décidé de nous coucher pour être en forme pour la semaine de folie qui nous attend.
Dimanche 11 février 2018
Récit par Antonin :
Ce matin, nous avons beaucoup de brouillard et il neige. Nous avons étudié les cristaux de neige et nous en avons identifié beaucoup : des étoiles, des aiguilles, de la neige roulée… Il y en a d’autres dont nous avons appris le nom, mais nous ne les avons pas vus : des colonnes et des plaquettes. Nous avons même eu une loupe en cadeau pour observer les cristaux, et qui grossit 10 fois ce que l’on observe !
Cet après-midi, nous avons skié et il y avait des pioches (des téléskis double-places). Nous sommes rentrés ensuite par la piste noire, et nous avons pris un bon goûter.
Récit par Eileen :
Ce matin nous avons essayé d’attraper de jolis cristaux et nous avons étudié les différentes sortes de flocons.Cet après-midi nous avons skié, nous avons même fait une piste noire. Nous avons eu du soleil, de la neige et du brouillard.
Fin de journée racontée par les animatrices, Émilie et Catherine :
Après le bon goûter, nous sommes retournés à notre labo et avons appris à utiliser un microscope optique. On a alors observé des cristaux de neige piégés dans des lames minces ! Eh oui, ça paraît incroyable mais c’est possible de garder ainsi des cristaux ! En attendant, nous avons utilisé les cristaux piégés lors de précédents séjours OSI. Et puis juste avant de manger, nous avons joué à des petits jeux nous permettant de reconstituer toutes les étapes nécessaires à la formation des cristaux de neige jusqu’à leur chute au sol.
Après un bon dîner, nous avons eu une veillée qui a déclenché de grands fous rires : il s’agissait du “Game of Glaçon”. Dans ce jeu, chacun a un glaçon et le but est de garder son glaçon le plus gros possible malgré les attaques impitoyables que chacun se lance pour faire fondre le glaçon de l’autre : tempête au sèche-cheveux, averse de sel, friction dans les mains... les cartes attaques sont nombreuses et les cartes de défenses beaucoup moins !
Demain une nouvelle journée bien remplie nous attend. Tout le monde s’est couché ravi de la journée passée !
Lundi 12 février
Récit par Antonin :
Ce matin, nous sommes allés skier. Puis, nous sommes allés pique-niquer en haut du Funiculaire. Et nous avons fait ‘une chasse au trésor’ : c’était pour apprendre à utiliser les DVA (Détecteurs de Victimes d’Avalanche). Puis nous irons à la soirée astronomique à l’Observatoire ce soir après dîner.
Récit par Eileen :
Ce matin nous sommes allés skier. Après avoir pique-niqué nous avons fait une chasse au trésor en utilisant une carte, un GPS, une boussole et surtout nous avons appris à utiliser des DVA. Ce soir nous allons faire une soirée astronomique !
Récit par Emilie et Catherine de la soirée astronomique :
Après le souper, à 20h30 nous avions rendez-vous à l’entrée du funiculaire. Les 2 astronomes Mickäel et Eric nous ont rejoint et ont démarré le funiculaire juste pour nous 4. Nous sommes montés de nuit c’était magique.
En haut, sur les pistes, nous étions seuls, une dameuse au travail éclairait au loin. Le ciel étoilé se dévoile enfin. Après 5 min de marche nous atteignons l’Observatoire François-Xavier Bagnoud et sa coupole. Eric nous introduit dans la coupole et transforme Eileen et Antonin en assistants. Ils auront l’honneur d’ouvrir la coupole et de la faire tourner. Le télescope est dédié à la prise de photos. Eric nous explique son fonctionnement.
Puis nous filons sur la terrasse observer de nos propres yeux une nébuleuse proche de la ceinture d’Orion, une nébuleuse planétaire et un nuage éclairé par une étoile variable. Il est temps de se mettre au chaud pour une petite présentation de Mickäel dans la salle de projection et des explications sur les nébuleuses et la spectrométrie. Et tout ceci avec humour.
Il est temps de rentrer se coucher pour nos skieurs et scientifiques.
La journée fut grandiose, nous nous couchons avec des étoiles de neige et des étoiles brillantes plein les yeux.
Mardi 13 février 2018
Récit par Eileen :
Aujourd’hui, nous avons skié le matin, mangé le pique-nique et l’après-midi nous avons creusé avec des pelles un gros trou dans la neige pour étudier les différentes couches, les températures, les grains et l’humidité. Aujourd’hui c’est carnaval à St-Luc !
Récit par Antonin :
Ce matin, comme d’habitude, nous avons skié. Cet après-midi, nous avons fait de la nivologie : c’est l’étude du manteau neigeux. Nous avons creusé un grand trou dans la neige, puis nous avons relevé des températures, en fonction des couches de neige.
Récit de la journée par Émilie et Catherine :
Les pistes sont excellentes : de la bonne neige fraîche qu’est-ce qu’on se fait plaisir à skier là-dedans (mais qu’est-ce qu’il fait froid tout la-haut !)
Les cours de ski d’Antonin se passent également très bien.
Cet après-midi, nous avons donc réalisé une coupe de manteau neigeux : les enfants ont creusé à la pelle une belle tranchée verticale jusqu’à une couche de glace beaucoup trop dure pour être creusée. Nous avons mesuré la hauteur de notre coupe : environ 1,30 mètres, ce sera suffisant pour faire un profil simplifié du manteau neigeux.
Puis nous avons appris à caractériser les différentes couches de neige : mesures de température, tests de dureté et d’humidité et détermination du type des cristaux et nous avons reporté toutes ces données sur un schéma.
Pour mesurer la température, nous avons utilisé un thermomètre à sonde que l’on plantait horizontalement dans chaque couche de neige.
Pour le test de dureté, il fallait procéder méthodiquement : d’abord essayer d’enfoncer son poing dans la neige. Si on y arrive, c’est que la dureté est minimale, on la note 1. Si c’est trop difficile d’enfoncer le poing, on essaye alors de n’enfoncer que 4 doigts (dureté 2) et ainsi de suite : on essaye ensuite avec un doigt (dureté 3) puis avec la pointe d’un crayon (dureté 4), puis avec la lame d’un couteau (dureté 5). Pour le test d’humidité, il fallait essayer de former une boule de neige. Si ce n’est pas possible, la neige est sèche (humidité 1). Si l’on peut former une boule de neige et que les mains restent sèches, l’humidité est notée 2. Si les mains deviennent humides, l’humidité est notée 3. Si de l’eau s’écoule lorsque l’on forme la boule, l’humidité est notée 4. Et si l’on a un mélange d’eau et de neige, l’humidité est notée 5. Enfin, pour la détermination du type de cristaux, nous avons prélevé quelques grains dans chaque couche et nous les avons observés à la loupe. Nous avons alors pu les identifier en les comparant à des photos. Ce fut l’occasion de parler de la transformation des cristaux de neige : en effet les cristaux de neige fraîche se transforment une fois qu’ils sont au sol : le poids de la neige qui les recouvre, l’action du vent et les échanges de matière qui se font en fonction de la température et de l’humidité sont autant de paramètres qui vont influencer leur évolution au sein du manteau neigeux. Dans notre coupe de manteau, nous avons ainsi observé des particules reconnaissables à la surface, des grains ronds, des grains fins ainsi que des grains à face place.
A partir de toutes les données que nous avons rassemblé, il est possible de déterminer si le manteau neigeux est stable ou s’il présente un risque d’avalanche. Mais ça, nous le verrons demain après-midi !
De retour à l’hôtel, nous avons pris un bon goûter. Eileen et Antonin étaient encore tellement enthousiastes et motivés que nous sommes retournés faire un peu de sciences au labo avant le dîner. Nous avons alors parlé des classifications des cristaux de neige fraîche. Nous avions pu nous rendre compte qu’il en existait une grande variété en regardant les détails à la loupe mais nous étions loin de nous rendre compte qu’il y en avait autant ! Dans la publication de Kikuchi de 2013, ce chercheur japonais et son équipe en ont dénombré 121 ! Nous nous sommes amusés à nommer les catégories de quelques cristaux présents sur nos lames de microscope : cela donne des noms farfelus : P3B, CP1A … !
Après le dîner, à la demande unanime, nous avons rejoué au « Game of Glaçon » parce que vraiment, ce jeu remporte un succès et des fous rires systématiques ! Une fois de plus, qu’est-ce qu’on a bien ri. Nous sommes allés nous coucher, encore une fois, très satisfaits de notre journée et tout excités de ce qui nous attend demain.
Mercredi 14 février 2018
Récit par Eileen :
Ce matin, comme d’habitude, nous avons skié. Cet après-midi nous avons rencontré Augustin : un pisteur et le responsable de la sécurité du Val d’Anniviers. Nous avons creusé des tranchées pour déclencher une petite avalanche. La neige était trop stable du coup nous n’avons pas réussi à déclencher une avalanche.
Récit par Catherine et Emilie de la rencontre avec Augustin :
Cet après-midi, nous avons donc eu le privilège de rencontrer Augustin Rion, un pisteur très expérimenté, le responsable de la sécurité du Val d’Anniviers et un correspondant de l’Institut de l’étude de la neige et des avalanches (SLF) qui édite le bulletin d’avalanche. Pendant la saison hivernale, son activité principale consiste à s’occuper des dangers liés aux avalanches et aux chutes de pierres. C’est toujours passionnant de discuter avec lui de son métier. Il adore partager ses aventures avec les enfants. Aujourd’hui, nous avons choisi de faire avec lui le test du bloc glissant. Ce test permet de déterminer si le manteau neigeux est stable ou pas, et d’identifier la présence de couches fragiles ou non cohérentes. Nous avons donc encore pelleter, encore plus dur qu’hier parce que cette fois, nous avons creusé jusqu’au sol et délimité 3 tranchées pour isoler un gros bloc de neige, de 2 mètres de large par un 1.50 mètre de profondeur.
Et c’est là que c’est devenu le plus drôle : Augustin a commencé par sauter sur le bloc pour essayer de le faire basculer. Seule la couche superficielle de neige fraîche de la veille s’est écoulée sous son poids. Puis Antonin, Eileen et Valéria, une nouvelle participante venue nous rejoindre juste pour cette activité, ont tous les trois sautés sur le bloc avec grande satisfaction. Mais ce fut peine perdu, le bloc est resté en place. Le manteau neigeux est en effet très stable depuis plusieurs semaines (et tant mieux pour nous skieurs !). Ceci résulte des nombreuses avalanches qui ont purgé les pentes en décembre et janvier et évacuer les couches fragiles.
Nous avons ensuite réalisé un second test de stabilité : le test de compression à la pelle. Nous avons délimité un coin de notre bloc avec une scie à neige ! Augustin nous a fait la démonstration : il a d’abord commencé par taper avec le poing trois fois sur le dos de la pelle, laquelle était posée sur la surface supérieure du coin. Une partie supérieure du manteau neigeux est alors tombée, révélant donc une première grosse couche non stabilisée à environ 20cm de la surface. En observant à l’aide de nos loupes, cette couche se compose de grains à face plane, qui sont peu cohérents entre eux. Ils ressemblent à du gros sel. Puis Augustin a tapé trois coups sur le reste du bloc, mais en utilisant tout son coude, puis trois coup avec tout le bras. Plus rien n’a cédé, nous en avons donc conclu que tout ce qui se trouvait en-dessous était bel et bien stable, comme nous l’avait confirmé le test du bloc glissant.
Jeudi 15 février 2018
Récit par Catherine :
Ce matin, pendant qu’Antonin skiait avec son cours habituel, Eileen a eu envie d’essayer les raquettes avec Catherine. Nous sommes donc parties toutes les deux le long du chemin des planètes, avec dans la poche des clés d’identification nous permettant de reconnaître les arbres de la montagne en hiver, ainsi que les indices de présence des animaux : empreintes dans la neige ou encore crottes et éventuels restes de repas que l’on pourrait croiser. Il neigeait beaucoup et la neige collait aux raquettes, ce qui n’a pas facilité la marche. Pas d’empreintes ni d’oiseaux à observer à cause de la neige, mais nous avons pu identifier les arbres sur le chemin : le pin cembro avec ses aiguilles attachées par groupes de 5, l’épicéa avec ses cônes pendants et ses petites aiguilles attachées seules sur les branches, et puis le mélèze, un conifère qui perd ses aiguilles en hiver ! Avec son tronc brun-rouge, ses cônes et ses longues écailles sur les brindilles, le mélèze est facile à reconnaître. Nous avons discuté de plein de choses sur la faune et la flore en montagne : le casse-noix moucheté qui adore les graines du pin cembro et qui permet au pin de se reproduire en dispersant ses graines, le lièvre variable avec ses grosses pattes postérieures comme des raquettes, la façon dont les arbres s’adaptent au climat et aux saisons... Au final, nous avons fait une belle virée bien que les conditions météo ne soient pas faciles, et à la fin nous étions bien fatiguées mais contentes.
L’après-midi, nous avions prévu de faire une descente au flambeau avec l’école de ski mais elle a été annulée à cause du temps incertain. Pas de problème, nous avions plein d’autres idées d’activités et surtout nous avions un beau projet en tête : faire une clé d’identification des cristaux de neige fraîche. Antonin, qui a fait quelques mois auparavant un séjour OSI sur le thème des rapaces avec Sylvain, avait bien retenu le principe de la clé d’identification des rapaces en vol. Cette fois, il s’agit donc de créer nous-même une clé pour les cristaux qui nous permettra de les nommer ensuite selon la classification de Kikuchi. Après un déjeuner reposant bien au chaud, nous nous sommes attelés à la tâche. Par chance, Sylvain a pu se joindre à nous pour nous aider à démarrer la clé. A partir de photos de cristaux imprimées lors de précédents séjours OSI, nous avons commencé à regrouper ceux qui partageaient des caractéristiques communes et Eileen et Antonin ont choisi les critères permettant de passer d’un groupe à l’autre.
Puis une envie folle de bataille de boules de neige a surgi et nous sommes sortis nous défouler un bon coup, et jouer au molkee (une sorte de jeu de quilles en bois) en utilisant les boules de neige pour viser et faire tomber les rondins du molkee.
Après quoi, nous nous sommes remis avec minutie à l’établissement de la clé avant d’aller dîner.
Pour la veillée, nous avons joué à créer des histoires en faisant tourner nos feuilles sur lesquelles on les racontait de façon à mélanger les récits et obtenir une histoire finale complètement loufoque. Nous avons essayé plein de variantes du jeu, dont une avec des dessins, qui a très bien marché.
Vendredi 16 février 2018
Ce matin, c’est le dernier cours de ski d’Antonin. Après le ski, on est tous venus voir la cérémonie de remise de médailles. Antonin est un peu déçu d’avoir terminé quatrième, mais il est tout de même content d’avoir progressé et obtenu le grade de prince rouge.
Cet après-midi, c’est reparti pour le projet de clé des cristaux. La motivation est au top pour tout le monde et la clé avance bien ! On a même du mal à s’interrompre pour aller dîner.
Et d’ailleurs quel dîner ! Cette fois nous avons droit à la table basse, installés dans des canapés, juste en face d’un trio de jazz-swing qui anime la soirée. On nous sert de copieuses assiettes de crevettes à la provençale et nous avons le plaisir de choisir nos desserts !
Après ce dîner festif, Antonin et Eileen ont tellement hâte de voir la clé finie que nous nous y remettons encore un peu, avant d’entamer la veillée : des matchs de ping-pong, deux contre deux, avec pas mal de suspens car les scores étaient serrés ! Nous allons nous coucher ravis du succès de la semaine, autant pour la belle production scientifique qui a été faite que pour tous les bons moments partagés de fous rires, grand air de la montagne, bonnes défoulades à ski et la superbe ambiance qui a rythmé notre quotidien.
Nous espérons nous retrouver bientôt pour plus d’aventures au sein d’OSI ! Si Antonin et Eileen reviennent en hiver, les cristaux de neige pourront trembler car bientôt plus aucun mystère ne leur résistera.
La clé d’identification descristaux de neige fraîche sera mise au propre et publiée sur ce site, celui du programme de Recherche et d’Education EXPLOREARTH. Cette clé, signée au nom de toute l’équipe, sera ainsi accessible pour les chercheurs et toutes personnes qui s’intéressent à l’étude des cristaux de neige.
Toutes les photos sont accessibles sur : www.osi-photos.org/thumbnails.php?a...
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Toutes les photos du séjour sont accessibles sur :
www.osi-photos.org/thumbnails.php?a...